L'Europe face aux prêcheurs de haine
Dans une accélération dramatique de l'enquête sur les tentatives d'attentats à Londres du 21 juillet dernier, les forces de Scotland Yard ont bouclé hier l'arrestation des quatre kamikazes présumés avec l'interpellation de deux d'entre eux dans le coeur de la capitale britannique, tandis que le dernier était appréhendé à Rome par la police italienne. Tous les trois devraient bientôt rejoindre Yassin Hassan Omar, premier terroriste présumé , arrêté à Birmingham mercredi dernier, au centre de détention hautement sécurisé de Paddington Green où ils seront interrogés.
Façon inhabituelle. C'est un peu après 11 heures, vendredi matin, que les forces spéciales de Scotland Yard quadrillent deux blocs de rue, tout d'abord au nord du quartier de Notting Hill, entre Portobello Road, connu pour son marché aux puces, et la bretelle d'autoroute A40, et ensuite au nord-ouest du quartier de Labroke Grove, non loin du centre de télévision de la BBC à Wood Lane. Opérant de façon inhabituelle, c'est-à-dire à une heure avancée de la matinée et non à l'aube, les services de renseignements n'ont eu que 90 minutes pour préparer leur raid à la suite d'informations reçues non du public, mais semblerait-il, de services de renseignements étrangers.
Pour faciliter ce raid à une heure d'affluence dans le centre de Londres, un black-out des informations est ordonné à tous les groupes de presse et n'est levé qu'à 12 h 45. Dès 13 h les chaînes de télévision retransmettent en direct, souvent au téléobjectif, quelques images des deux raids, alors toujours en cours d'exécution. Les images de policiers en tenues de combat, cagoules noires et masques à gaz, mitraillette au poing, remplissent le petit écran.
Trois explosions. Depuis son téléphone portable, Lisa Davis, une habitante de Galdarno Gardens, donne à entendre en direct sur SkyNews l'approche des officiers du raid parlant depuis une ruelle à l'un des kamikazes présumés, enfermé dans un appartement : «Mohammed, vous allez vous dévêtir et sortir les mains en l'air.» Sans réponse, les officiers demandent s'il y a un problème. Trois explosions, tirs de gaz lacrymogènes. A cet instant, à la demande expresse de la police, SkyNews coupe la conversation avec Lisa Davis : nouveau black-out d'une heure. Le temps pour la police d'évaluer ses options et de tenter d'assurer le kamikaze présumé de la station de métro Oval qu'il ne craint rien s'il obéit aux ordres.
Le suspect finit par obéir. On le verra plus tard, habillé d'une combinaison blanche (qui a pour fonction de conserver tout indice, notamment des traces d'explosifs présentes sur la peau), et embarqué dans une voiture banalisée des forces de police londoniennes. Au même moment, dans le quartier de Notting Hill, à Tavistock Road, Moktar Said Ibrahim, le Britannique d'origine somalienne, kamikaze présumé du bus 26 de Hackney le 21 juillet, était également arrêté par Scotland Yard et revêtu d'une combinaison blanche.
Satisfaction. A 17 h 20, le ministère de l'Intérieur italien annonçait que le quatrième kamikaze présumé venait d'être arrêté à Rome. Il s'agirait, selon le quotidien la Repubblica, de Osman Hussain, un Somalien de 27 ans. Parti de Londres voici deux jours, il aurait voyagé jusqu'à Rome via Paris et Milan. Un porte-parole de Scotland Yard a déclaré à SkyNews : «Nous sommes satisfaits de la façon dont les opérations se sont déroulées , il n'y a pas eu de blessés ni de dommages faits à des propriétés. Il s'agit sans nul doute de la meilleure journée dans cette enquête depuis le 7 juillet.» Scotland Yard a confirmé que le suspect interpellé à Rome faisait l'objet d'un mandat d'arrêt.